J’en retrouve entre des et quatre par mois autour d’un verre.
A 21 annees, j’ai couche avec quatre-vingts hommes, dont la moitie rencontree dans l’application. Je profite d’la vie. Je tombe sur Quelques garcons une nuit, d’autres diverses mois. Je fais des bonnes et des moins bonnes rencontres, tout 1 petit lot d’histoires a raconter en famille.
Au petit matin du 1er janvier 2019, j’etais d’humeur blagueuse. Assise a la terrasse d’un cafe avec des amis, je poste un montage photo via notre profil tinder : votre homme noir dont le penis remplace le chiffre 1 de bonne annee 2019. Ce n’est gui?re tres fin, j’en suis desolee avec avance. Apres quelques minutes, l’image se supprime directement. Ni une, ni deux, je la remets. Je n’ai pas recu de mise tuto chatrandom en garde et crois alors qu’il s’agit d’un probleme technique.
Deux heures apri?s, je tente en vain de me connecter a l’application. Un message d’erreur s’affiche. J’envoie votre mail au service client en expliquant ma « blague ». Notre reponse reste sans appel : je suis bannie a life de Tinder. J’aurais enfreint les conditions d’utilisation. Lesquelles ? Aucune option. Je ne conteste gui?re. Mon montage peut etre considere comme raciste et tel portant « atteinte a J’ai pudeur ». Seule solution : changer de Facebook et de ligne telephonique pour creer un nouveau compte.
J’habite allee a une date Tinder en Coree du Nord
Au debut, un reponse me surprend. Sur Tinder, certains hommes n’hesitent pas a diffuser des descriptions et photographies publiques explicites. J’ai recu quelques fois des messages a portee sexuelle sans avoir fourni de indices de consentement au prealable. Sans parler des photographies de penis, que je n’avais gui?re demande non plus. Bref, ce climat provocateur – que beaucoup de utilisatrices connaissent – m’avait fait croire a une application sans complexe.
L’annee suivante, haute d’entrain, je telecharge Happn et OkCupid, deux autres applications de rencontres. I la maison, a Lille, elles recueillent moins d’utilisateurs que Tinder. Je mets l’integralite des chances du cote. Lorsqu’un garcon me plait, je vais lui parler plus rapidement qu’avant mon ban et je suis plus impliquee dans la conversation.
« Mais a la longue, mon estomac a commence a se serrer. J’ai eu l’impression de me transformer en predatrice sexuelle, de rentrer par effraction au cercle d’intimite de ces jolies biches »
« Plus on a de choix, moins on est heureux. Il faut avoir plus de mal a s’arreter, a s’investir au sein d’ une relation avec un individu. On se evoque i chaque fois “j’aurais pu tomber sur plus” », affirmait la sexologue Catherine Solano sur le plateau de Complement d’Enquete le 10 janvier 2019. Manque faux. J’ai tente de m’investir au sein des quelques matchs que j’ai eus le mois suivant le ban. J’ai ete moins exigeante et plus patiente. Prendre environ temps a ete agreable mais jamais fructueux. J’ai eu rendez-vous avec un seul garcon. Ses photos me plaisaient mais je m’ennuyais un brin par message. « On verra autour d’un verre » J’me suis evoque. Mon pressentiment s’est confirme.
Au debut du mois, la frustration m’a conduit a voir en chaque « biche » – le surnom que je donne aux hommes qui me plaisent – un amant potentiel. Determinee a seduire dans l’impasse, j’y ai multiplie nos regards seducteurs. Mais a la longue, mon estomac a commence a se serrer. J’ai eu l’impression de me transformer en predatrice sexuelle, de rentrer avec effraction au cercle d’intimite des jolies biches. Avec Tinder, je n’avais nullement ce probleme. S’il y avait match, je ne me posais aucune question. « S’il m’a like c’est qu’il reste interesse », pensais-je.
En fi?te, j’ai plus pense a choper que d’habitude. Avant, Tinder calmait mes ardeurs. Claque d’avoir un catalogue a portee de main me rassurait. Je sortais avec des amis sans forcement penser a approcher quelqu’un puisque je pouvais le faire le lendemain en navigant dans l’application. La c’etait maintenant ou jamais. Du coup, j’ai embrasse deux biches mais j’avais trop bu pour aller plus loin.
Progressivement, la frustration retombe. L’idee d’avoir perdu ma fenetre ouverte sur un chacun d’une drague me peine de moins en moins. Je commence a prendre du joie a cuisiner longuement, regarder Notre television ou lire des livres. Je me surprends a apprecier la texture d’la couette contre la a, a aimer me reveiller seule le matin, sans m’occuper de personne.